Le jour où la maîtresse de Robin a découvert qu’il savait écrire

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Ca y est, la spirale est enclenchée : il a suffi d’un rien, d’une parole à la maîtresse lors du rendez-vous trimestriel.

C’est arrivé juste après la discussion sur la poupée.

« Robin s’ennuie, lui avons-nous dit calmement.

– Ah bon, il s’ennuie ?

-Oui, depuis quelques mois, il ne veut plus aller à l’école. Il nous a dit qu’il voulait apprendre à écrire en attaché mais que les moyens écrivent en lettre bâtons alors il n’ose pas vous le demander. Il nous a dit que c’était la maîtresse qui décidait car c’était la maîtresse l’adulte. »

Je l’ai vu blanchir. Nous ne remettions pourtant pas en cause ses compétences ; avec 28 élèves, elle ne pouvait pas être derrière chacun. C’est d’ailleurs ce qu’elle nous a répondu : « Il ne m’en a jamais parlé. Il a énormément de connaissances sur beaucoup de choses, mais il faut qu’il soit plus autonome dans la classe ; s’il veut faire d’autres activités, il doit s’inscrire au tableau ou me le dire. Je ne peux pas faire du sur-mesure pour chacun des élèves. Et je serais bien incapable de vous dire s’il a fini parmi les premiers, quand on fait une activité. »

Nous lui avions montré un petit mot qu’il avait écrit tout seul en minuscule, quelque chose qui ressemblait à « Robin pour maman » avec un cœur rose. La première réaction de la maîtresse a été de nous dire qu’une lettre était mal formée. Nous lui avons répondu que nous ne lui avions jamais appris, et que nous n’étions pas instituteurs. Elle nous a alors proposé de nous donner des exercices à lui faire faire à la maison, ce à quoi William a répondu que la maison n’était pas une annexe de l’école. Qu’il devait apprendre ces choses-là sur le temps scolaire.

L’institutrice a convenu qu’il avait tendance à vouloir entrer dans le moule de son âge et à ne pas se faire remarquer. Elle nous a promis de faire plus attention à lui.

 

Le lendemain soir, Robin est rentré très heureux à la maison : il avait eu le droit d’écrire le mois en attaché, sous la surveillance de la maîtresse, et cette dernière l’avait félicité pour le graphisme de ses lettres.

Dans le courant de la semaine qui a suivi, la directrice de l’école m’a prise à part alors que je déposais mon fils, en me tendant un papier sur lequel un numéro de téléphone était inscrit : « Il faudrait que vous appeliez la psychologue scolaire. J’ai fait le point avec la maîtresse de Robin ; un enfant qui sait lire et écrire en moyenne section, et qui va loin dans le numéraire, ce n’est pas anodin. Réfléchissez-y mais ne tardez pas : si on veut agir, il faut aller vite. » Je lui ai demandé plus d’explications mais elle m’a simplement dit qu’elle parlait d’envisager un éventuel saut de classe, avant de prendre congé très rapidement, et sans me donner son avis personnel sur la question.

J’ai donc appelé la psychologue scolaire qui m’a proposé un rendez-vous dès le lendemain matin.

 


5 réflexions sur “Le jour où la maîtresse de Robin a découvert qu’il savait écrire

  1. Coucou ! Je découvre votre blog et je suis sous le charme 😊
    Vous avez un style d’écriture très passionant et agréable à lire !
    J’aime beaucoup vos articles et sans même les connaître je me suis un peu attachée à vos enfants et vous au travers de ce que vous racontez, et du coup j’ai hâte de découvrir la suite, j’espère que ça a été !

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    1. Merci, c’est adorable, je suis très touchée 😍 Oui ça s’est bien passé, je ferai un article d’ici quelques jours (il faut bien entretenir le suspense… 😉 )

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