Le jour où nous avons dansé

vinyl-1437600_960_720.jpg« Juliette, ne t’approche pas de la chaîne hi-fi. » Elle me regarde en coin, à quatre pattes sur le sol. Elle crie de mécontentement. Je la prends et la pose devant une boîte de cubes, avant de revenir m’assoir à côté de Robin qui dessine sur la table voisine.

« Juliette, ne lance pas les pochettes des vinyls en l’air. » Les pochettes en carton volent et retombent lourdement derrière Juliette. Discrètement, en quelques secondes, elle est revenue à son point de départ. Je la recule de nouveau pour lui donner des livres musicaux.

« Juliette, ne touche pas les boutons du poste ! » Trop tard, elle a allumé la chaîne hi-fi en s’accrochant dessus pour essayer de se hisser sur ses jambes flageolantes et pas encore autonomes verticalement. Son menton a légèrement heurté la vitre du plateau à vynils, heureusement sans gravité.

C’est à ce moment-là que j’ai décidé d’arrêter de lutter.

Elle veut allumer le poste ? Très bien, allumons la chaîne hi-fi et profitons de la musique.

J’ai lancé Ray Charles à tue-tête. Robin a levé les yeux de son dessin et m’a dit qu’il aimait bien cette musique. Je lui ai proposé de venir avec moi et de danser. Il était ravi.

C’est ainsi qu’à 9h du matin un mercredi, tous les trois en pyjama, nous dansions entre le canapé et la table, les petits mains boudinées de Juliette, 16 mois, dans celles de son frère de 5 ans et de moi-même. C’est ainsi que 3 lutins riaient aux éclats, dans une ronde désordonnée et souriante qui illuminait la maison bien sombre par le temps orageux de novembre.


Laisser un commentaire